Chacun voyage avec ses couleurs

En selle sur ces moutons à la laine rebondie qu'un vent pressé chassait dans l'azur, je volais de dune en dune. Vent changeant qui un jour couche les joncs couvrants de leurs exubérances jaunes le paysage. Un autre poussant le vert-bleu à les submerger de sa crinière blanc-gris. Le soir nous rentrions entre ces murs de briques noircis de charbon où tel le cœur des hommes les fenêtres vertes, bleues, rouges éclairent la façade.





Vint ce blanc. Infini. Qui court sans traces de pas. La nuit le vent polaire y charrie ses arcs en ciel. Les grandes planches, arlequins perdus, glissent sur la rivière au milieu du silence des arbres endormis sous leur duvet étoilé, offrande de l'hiver. Seule réalité, ce trait. Entre blanc et bleu métal porte au sud les dernières oies bernaches. Derrière un long voile aux noirs multicolores couvrent les lieux de leurs amours.



Tant de lumière. Boule laiteuse blanchissant les murs multicolores aux volets bleus, mi-clos, attendants. Les bleus pastels, mauves, les jaunes citrons, le rouge sang, joyaux sur les verts écrasés de poussière. Thé vert sirupeux avec le vieil homme qui sourit. Le vent du désert nous burine. Le jacquet nous rapproche. La mer, au loin, rivalise avec les bleus de l'azur. Tant de lumières.





Ailleurs, pépites ramassées à chaque pas, là où la vie abreuve, construit, porte vers d'autres lieux, d'autres gens, d'autres couleurs.